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croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.
Les problèmes posés par le projet de construction d'un nouvel aéroport pour Nantes touchent nos vies parce qu'ils touchent à l'aménagement du territoire.
L'aéroflorale II installée aujourd'hui sur la place du Bouffay à Nantes — enième émanation des machines à divertir imaginées par François Delarozière —, est vendue par les médias comme une serre volante ; jeu de mots habile mais vaste supercherie : pas plus que les cerfs ne voleront, la machine ne décollera, mais il faut la voir pour ne pas y croire tant la communication laisse supposer le contraire.
Acmé de l'auto-célébration de Nantes Capitale verte, l'objet s'érige comme la figure imposée de la ville "écologique" en devenir : trois plantes vertes dans un bocal multiforme clignotant.
Mise à mort symbolique du spectacle de rue, cette attraction estampillable Disney cloue les Nantais dans le fauteuil de spectateur de leur propre ville-décor.
Les initiatives in vivo des Naturalistes en lutte et des occupant(es) de la ZAD sont bien plus créatives que cette vaste opération in vitro, symbole toxique du greenwashing de la ville de Nantes.

Chantons tous en cœur les vertus du spectaculaire intégré !

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Retouche d'après photo de Bruno Barbey, Narita, 1971
Septembre 2013.

Si on tente de résumer : des centaines d'occupant(e)s sur zone sur des dizaines de spots qui solidifient leur installation, qui cultivent et créent des conditions d'existence alternatives ; des rapports pacifiés entre zadistes et population des localités voisines ; de nombreuses organisations militantes classiques qui peuvent mobiliser des dizaines de milliers de personnes ; des organisations pour cultiver et gérer les terres occupées qui vont des C.O.P.A.I.N. à "Sème ta ZAD" ; des Naturalistes en lutte qui font le boulot et mettent en échec juridique les études nécessaires à toute reprise des travaux ; une criminalisation continue de la lutte avec des procès ridicules ; des porteurs de projets englués dans leurs propres procédures ; des sondages pré-travaux de voirie qui se poursuivent ; des expulsions ponctuelles de squatteurs sur site par une police toujours partante ; etc., etc.
C'est l'heure de la re-mobilisation concrète sur la ZAD ; comme pour la lutte à Narita au Japon dans les années 70, le temps long de la lutte qui s'étire sur des années alterne les périodes calmes et les temps énergiques et spectaculaires. 

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Croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.

Des jeunes gens arrivés la semaine dernière ont aidé Maquis à reconfigurer "le Maquis", large zone cultivée face à l'entrée du chemin principal de la "Chat Teigne".

Ici, c'est "Sème ta ZAD" au meilleur de sa forme et il règne un esprit particulièrement amical et un grand sens de l'hospitalité, quelque soit le visiteur.

Maquis travaille le maraîchage à grande échelle et la vaste parcelle de sarrasin sera bientôt fauchée et les grains moulus dans un moulin des alentours.

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Croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.

Les "Fosses noires" sont le théâtre de nombreux travaux — la boulangerie, le maraîchage et la fabrique de bière ne sont pas les moindres.

Sur les arrières, visiteurs plus ou moins occasionnels, plus ou moins permanents s'installent ; c'est un des nombreux spots du nomadisme qui passe par la ZAD.

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Croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.
Pendant que la criminalisation de la résistance continue et que les occupants de la "ferme de Bellevue", du collectif C.O.P.A.I.N., sont jugés en appel à Rennes, les fougères piquent du nez, les feuilles de châtaigniers jaunissent tout à coup, les glands tombent dru ; l'automne s'invite aux quatre saisons de la ZAD.
A "la Noue non plus", autour du repas, on discute de l'isolation de la cabane contre les rigueurs de l'hiver à venir, — calfeutrage des fuites, paille, barbotine et masse autour du poêle.
Pour peu que les occupant(e)s de la ZAD disposent d'assez de "coups de main", l'hiver qui vient sera moins rude à vivre que le précédent.

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croquis in vivo MCmarco

Septembre 2013.
La nuit tombe sur cette fin d'été ; c'est l'heure du grand calme qui précède la sortie des animaux nocturnes et des zadistes noctambules.

Dans ce coin de la Zone A Défendre, à "Ici aussi" [ex Noé Bernard], un atelier avait été organisé début août. Une cinquantaine de personnes s'étaient relayées pour échanger des conseils, transmettre l'art et le plaisir de construire avec la terre du cru, l'eau du ruisseau, la paille donnée par un agriculteur.
Les initiatives collectives se multiplient sur la ZAD ; un autre monde, — très concret, — s'installe ici, durablement.

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croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.

Un jeune couple a décidé de rester quelques semaines occuper la ZAD ; ils comptent s'installer à "La Gare", dans les arbres, là où ils avaient déjà logé il y a quelques mois, dans l'humidité extrême de cette partie de la zone.

Ils remettent en état des vélos dans l'atelier à côté des "Fosses Noires" ; ils en auront besoin pour traverser quotidiennement la ZAD, ponctuée de multiples lieux d'occupation dont l'ensemble s'étire désormais d'un bout à l'autre des points cardinaux.

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croquis in vivo MCmarco
Septembre 2013.

Sous le doux soleil de septembre, sur "La Dalle", ça scie, ça râpe, ça bricole, ça consolide ; autour de véhicules patinés par un hiver et un été de stationnement, un fatras d'ustensiles et de matériaux de toutes natures sont dispersés.

C'est un endroit, comme tant d'autres sur la ZAD, où le provisoire est destiné à durer — même dans l'hypothèse où le projet de construction de l'aéroport serait abandonné —, qui sait ?